Campagne française, XVII ème
siècle
L’homme se faufilait d’ombre
en ombre vers le petit village. Son sang de gascon bouillait de ne pas
affronter ses adversaires. Il regrettait de ne pouvoir avancer flamberge au
vent. Mais il n’était pas sot. Il avait vu ce qu’il était arrivé aux cadets qui
avaient attaqués sans prudence ces petits hommes en armure bleue. Les
arquebuses de ces derniers crachaient peu de fumée mais elles étaient mortelles
comme la foudre de Jupiter. Ses hommes avaient été dispersés et anéantis.
Lui-même avait eu du mal à se désengager et n’avait dû son salut qu’à son
talent et à un peu de chance. Il s’était replié avec une poignée de ses cadets
qu’il avait renvoyés donner l’alerte. Lui-même était demeuré autour du village
guettant une occasion mais ces ennemis étranges étaient prudents.
Il avait cependant réussi à en
désarmer un par surprise. Le petit spadassin patrouillait et avait sous-estimé
le bretteur. Une feinte en quarte, une attaque en sixte et il ne pouvait plus
utiliser son arme. Un demi-tour en appui sur la botte gauche, une inversion de
la prise de la rapière et l’étranger s’était écroulé, frappé à la nuque par le
pommeau de l’arme.
Il avait traîné le corps dans
la forêt entourant le village. Puis il avait attaché l’homme en bleu à un arbre
dans le but de l’interroger. Ce dernier l’avait impressionné par son courage et
son obstination à ne pas parler. Il aurait pu être un Gascon. Il s’était
répandu en fanfaronnades et en insultes. Tout ce que le bretteur avait réussi à
savoir d’intéressant était qu’il était originaire des étoiles et qu’un général
ennemi devait venir visiter le village. Il allait donc se battre pour
l’atteindre et trancher la tête de l’hydre. Ce serait peut-être inutile mais ce
serait une belle fin.
Perdu dans ses pensées, il
sursauta en entendant un bruit inhabituel pour la forêt. Devant lui, une boîte
bleue surgissait du vide. Une porte s’ouvrit devant et un grand escogriffe en
sortit, parlant à quelqu’un situé dans la boîte.
« Non, non et non
River ! Je n’ai pas un gros nez ! »
« Si, tu en as un, mon
p’tit coeur. », répondit une voix féminine.
L’épée du bretteur bondit de
sa main et s’arrêta juste devant le nez de l’homme étrangement vêtu.
« Si fait, Monsieur, je
me dois de joindre ma voix à celle de la dame. Votre nez est bien grand et je
m’y connais en appendice nasal. Maintenant, je vous serai obligé de me
donner vos noms. »
L’homme louchait sur
l’épée mais aussi sur le nez du Gascon sans répondre.
« Cet homme est le
Docteur, je suis River Song et ce que je tiens est une arme capable de vous
arracher la tête de vos épaules. », contra la voix féminine.
« Je vais donc vous
demander de baisser votre arme et de décliner votre identité. », continua
la femme en passant devant le Docteur tout en maintenant le bretteur dans son
axe de tir.
« Palsambleu, Madame, nul
besoin de vous montrer si menaçante. », répondit ce dernier en rengainant
son arme. « Je suis Hercules Savinien…. »
« ….Cyrano de
Bergerac ! », le coupa le Docteur. « Vous êtes le fameux
bretteur, écrivain et poète. Je savais bien que ce n….»
Les sourcils de Cyrano se
froncèrent.
« ….cette lame m’était
connue ! »
Les sourcils de Cyrano se
détendirent tandis qu’un sourire apparaissait sur son visage fatigué.
« Que faites-vous ici
voyageurs avec votre étrange engin ? La bourgade proche est peu
sûre. Des extramondains venus des
étoiles l’ont envahie. »
Le Docteur se fendit d’un
sourire.
« Tu vois River, c’est tout
à fait la promenade que j’avais en tête pour nous deux. La campagne française
au petit matin, un village bucolique, une invasion extraterrestre et un
bretteur à long … »
Les sourcils du Gascon se
froncèrent de nouveau.
« …bras vigoureux !
Allons donc voir ces envahisseurs. »
« Fichtre, Docteur, vous vous
précipitez vers le danger. Vous êtes un homme selon mon cœur. »
N'oublie pas les photos pour les absents envieux ;)
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